Pourquoi j'ai mal ? Une exploration des mécanismes de la douleur

Introduction

La Douleur : Un Voyage à Travers la Compréhension et l'Empathie

Dans le grand récit de la vie, la douleur se dresse comme l'un des chapitres les plus universels, et pourtant, chacun de nous en écrit les pages de manière profondément personnelle. En abordant "Pourquoi j'ai mal ? Une exploration des mécanismes de la douleur", nous entreprenons un périple non seulement au cœur de la science de la douleur, mais aussi dans les profondeurs de l'expérience humaine. La douleur transcende le simple désagrément physique pour toucher à l'essence même de notre être, influençant notre qualité de vie, nos interactions et notre bien-être mental.

Ma démarche ici est guidée par une profonde empathie, reconnaissant que derrière chaque recherche sur la douleur se cache une quête de soulagement, de compréhension et de connexion. Dans cet ouvrage, nous explorons ensemble les multiples visages de la douleur, de l'aiguë à la chronique, de la nociceptive à la neuropathique, en quête de réponses et de stratégies pour moduler cette expérience omniprésente mais énigmatique.

Cet article est votre phare dans la nuit, un guide vers une meilleure compréhension de la douleur qui vous afflige ou afflige un être cher. Je vous promets un voyage éclairé par la science, enrichi par l'empathie, et motivé par le désir profond de transformer la douleur en une expérience gérable. Car comprendre la douleur, c'est déjà commencer à la maîtriser.

Pour commencer, voici la définition de la douleur selon l’OMS :
« La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, en réponse à une atteinte tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite en ces termes. »
Je suis certain que vous avez noté que la lésion tissulaire n’est pas obligatoire pour ressentir la douleur…

Un petit tour de physiologie :
Certaines cellules dispersées dans les tissus de l’organisme sont sensibles à des stimulations mécaniques (pression ou traction), thermiques et/ou chimiques. Pour transmettre l’information du tissu au cerveau, il faut transformer une énergie mécanique, thermique ou une agression chimique en un flux électrique. Cette information, transmise au système nerveux central, sera décodée et interprétée pour évaluer son importance et son urgence. Ce décodage dépend de nombreux facteurs, comme nous le verrons plus en détail dans les prochains chapitres.

Les Différents Types de Douleur

Douleur Nociceptive

La douleur nociceptive est une expérience commune, mais complexe, que nous éprouvons lorsque nos tissus sont endommagés ou menacés. Elle joue un rôle essentiel en tant que système d'alarme de notre corps, nous informant de potentiels dangers et nécessitant souvent une intervention immédiate pour éviter d'autres dommages. Pour comprendre pleinement ce phénomène, explorons ses différentes particularités.

Définition d'un Tissu Non-Nerveux

Les tissus non nerveux comprennent les muscles, les ligaments, les os et la peau. Contrairement aux tissus nerveux, qui sont impliqués dans la transmission des signaux électriques à travers le corps, les tissus non nerveux jouent principalement un rôle de structure, de soutien et de protection. Lorsque ces tissus subissent une atteinte ou sont confrontés à une menace, la douleur nociceptive se manifeste comme un signal d’alarme, alertant le corps d’un potentiel danger.

Il est important de noter que la source de la douleur peut provenir soit d’un tissu réellement endommagé, soit de l’interprétation d’une information – un signal électrique transmis par le système nerveux. Ce processus complexe montre que la douleur n’est pas toujours le reflet direct d’une lésion, mais parfois une perception influencée par de multiples facteurs, y compris les émotions, le contexte et les expériences passées.

Définition des Nocicepteurs et Leur Activation

Les nocicepteurs sont des récepteurs sensoriels spécialisés qui détectent les signaux de douleur et les transmettent au cerveau. Ces nocicepteurs détectent les stimuli nocifs, qu'ils soient d'origine thermique, mécanique ou chimique, selon leur mode d'activation. Ils s'activent en réponse à des dommages potentiels ou réels aux tissus, lançant un processus biologique complexe qui aboutit à la sensation de douleur. Cette activation des nocicepteurs est cruciale pour notre survie, car elle nous permet de réagir rapidement à des situations dangereuses.

Sources Mécaniques

Les sources mécaniques de la douleur nociceptive incluent tout impact physique ou une pression ou traction excessive exercée sur les tissus, comme une coupure, une entorse ou une fracture. Ces blessures déclenchent une activation immédiate des nocicepteurs, entraînant une douleur aiguë qui signale la nécessité de protéger et de réparer les tissus endommagés.

Pour être plus précis, les cellules transforment un stimulus mécanique, comme une pression ou une traction appliquée sur les récepteurs, en un courant électrique transmis au cerveau. À ce stade, il s’agit uniquement d’un transfert d’information. Cependant, le classement de cette information – comme une simple gêne ou une douleur insupportable – dépend de multiples facteurs : environnementaux, émotionnels, expériences passées, croyances ou encore la signification que l’individu attribue à la douleur.

Cette complexité met en évidence l’interconnexion entre les dimensions physiologiques et psychologiques de la douleur, soulignant l’importance d’une approche globale pour comprendre et gérer ce phénomène.

Sources Chimiques

Les substances chimiques libérées par les tissus endommagés ou lors de processus inflammatoires peuvent également activer les nocicepteurs. Par exemple, le lactate accumulé dans les muscles après un exercice intense, ou encore les médiateurs inflammatoires libérés pendant une réaction allergique, peuvent tous deux provoquer une sensation de douleur. Ces réactions témoignent du rôle central des substances chimiques dans la modulation et la transmission de la douleur.

Plus spécifiquement, chez les femmes, certaines fluctuations hormonales – et donc chimiques – peuvent également entraîner des douleurs. Par exemple, les variations des niveaux d’œstrogènes au cours du cycle menstruel sont souvent associées à des douleurs pelviennes ou à des migraines. Ces exemples illustrent la manière dont des mécanismes biologiques internes, qu’ils soient liés à une blessure, une inflammation ou des changements hormonaux, influencent directement la perception de la douleur.

Sources Thermiques

Les températures extrêmes, qu’elles soient élevées ou basses, représentent des sources thermiques de douleur nociceptive. La brûlure causée par le contact avec un objet chaud ou la morsure glaciale du froid hivernal illustrent comment ces variations thermiques extrêmes peuvent activer les nocicepteurs et déclencher la douleur. Il est important de noter que, tout comme pour les autres sources de douleur nociceptive, l’origine thermique est transmise sous forme d’influx nerveux vers le système nerveux central, où elle est analysée, catégorisée et interprétée.

En explorant ces différentes sources de douleur nociceptive, nous comprenons mieux comment notre corps perçoit et réagit à la douleur. Cette connaissance est essentielle pour concevoir des stratégies de gestion de la douleur efficaces, permettant une intervention rapide et adaptée face à cette dernière.

Douleur Neuropathique

La douleur neuropathique se manifeste lorsque le système somato-sensoriel périphérique est affecté par une lésion ou une maladie. Cette condition peut engendrer une variété de sensations anormales, notamment des radiculopathies, des engourdissements et des paresthésies (fourmillements, picotements). Par sa nature et ses manifestations, la douleur neuropathique souligne l'importance d'une approche diagnostique et thérapeutique précise, prenant en compte non seulement les symptômes, mais aussi leur évolution et leur réponse aux interventions.

Le système somato-sensoriel périphérique

Le système somato-sensoriel périphérique regroupe les nerfs et structures associées situées en dehors du cerveau et de la moelle épinière (le système nerveux central). Il transmet les sensations de toucher, de douleur, de température et d'autres perceptions sensorielles vers les muscles. Lorsqu'il est endommagé ou malade, ce système peut envoyer des signaux de douleur incorrects, donnant lieu à une douleur neuropathique.

La méthode MDT-McKenzie et les symptômes neuropathiques

Je parle souvent de la méthode MDT-McKenzie, reconnue pour son approche centrée sur la centralisation des douleurs et des symptômes. Cette méthode offre un cadre précieux pour évaluer et guider le traitement des conditions douloureuses, y compris les douleurs neuropathiques. Cependant, il est essentiel de noter que la centralisation, qui se traduit par un déplacement de la douleur depuis les extrémités vers le centre de la colonne, ne s'applique pas de la même manière aux symptômes neuropathiques et neurologiques.

Pour ces derniers, l'évolution favorable se manifeste différemment : la douleur semble se « retirer » par les extrémités, comme si l'on enlevait un gant ou une chaussette. Cet objectif vise à réduire progressivement l'impact des dysfonctionnements nerveux sur la vie quotidienne du patient, en améliorant leur qualité de vie et leur autonomie.

Radiculopathie

La radiculopathie est une condition médicale caractérisée par une douleur qui se propage le long d’un nerf en raison de son irritation, de son inflammation ou de sa compression à sa racine, généralement au niveau de la colonne vertébrale. Les symptômes incluent des douleurs aiguës, des paresthésies (sensations anormales telles que des picotements ou des fourmillements) et des engourdissements dans la zone desservie par le nerf affecté.

Un des aspects distinctifs de la radiculopathie est la douleur très précise que le patient peut localiser en suivant le trajet exact du nerf, souvent en le montrant avec son doigt. Cette douleur est parfois décrite comme une sensation de corde trop tendue. De plus, le genou du patient peut “lâcher” subitement, traduisant une faiblesse musculaire temporaire liée à l’atteinte nerveuse.

Engourdissements et Paresthésies

Les engourdissements sont une perte de sensation dans une partie du corps, tandis que les paresthésies se manifestent par des sensations anormales telles que des picotements ou des fourmillements. Ces symptômes sont souvent des indicateurs de dysfonctionnement du système nerveux périphérique.

Centralisation et Modifications de Topographie de la douleur

La méthode McKenzie met en lumière l'importance de la centralisation des symptômes, un phénomène où la douleur se déplace vers le centre de la colonne. Ce déplacement est souvent considéré comme un signe positif, indiquant que le traitement est efficace. À l’inverse, une modification de la topographie des douleurs vers des zones plus périphériques peut signaler une aggravation de la condition.

Cette distinction est essentielle dans l’évaluation et le traitement des douleurs neuropathiques, car elle guide les cliniciens dans l’ajustement des interventions. L’objectif est de favoriser la centralisation des symptômes tout en évitant leur péjoration, assurant ainsi une prise en charge adaptée et ciblée.

Modifications de la Topographie des Paresthésies 

La progression des symptômes de la douleur, y compris les paresthésies, peut fournir des indices cruciaux sur la nature de la condition sous-jacente et son évolution. Les paresthésies qui débutent en périphérie et progressent vers le proximal tout en s'aggravant indiquent une détérioration de la condition. En revanche, celles qui s'étendent de moins en moins loin vers la racine du membre traduisent une amélioration. Lorsque ces sensations diminuent, elles disparaissent souvent de manière caractéristique, comme si l’on enlevait un gant ou une chaussette, ce qui suggère une récupération progressive de l’état sous-jacent.

Il est important de noter que, selon McKenzie, la centralisation concerne uniquement la douleur et non les paresthésies. Cette distinction souligne la nécessité d’une évaluation précise et d’une prise en charge adaptée.

La douleur neuropathique, par sa nature complexe et ses manifestations variées, renforce l’importance d’une approche diagnostique et thérapeutique rigoureuse. Celle-ci doit intégrer non seulement l’identification des symptômes, mais aussi leur évolution et leur réponse aux interventions mécaniques, telles que les exercices et les postures. La méthode MDT-McKenzie, avec son accent particulier sur la centralisation des symptômes, fournit un cadre solide pour évaluer et guider le traitement des conditions neuropathiques. Son objectif est de réduire l’impact des dysfonctionnements nerveux sur la qualité de vie des patients, en favorisant une prise en charge active et personnalisée.

Douleur Psychogène

La douleur psychogène est un type de douleur fortement influencé par des facteurs psychologiques. Elle peut être exacerbée, voire générée, par des états émotionnels tels que le stress, l’anxiété ou la dépression. Comprendre la complexité de cette douleur nécessite une exploration approfondie des différents contextes qui influencent son intensité et sa perception.

Dans la majorité des cas, un fond de douleur mécanique est présent. Cette douleur mécanique est influencée par les mouvements et les postures. Lorsqu’il s’agit d’une douleur à prédominance mécanique, il est souvent possible d’identifier des mouvements capables de moduler rapidement la douleur. En effet, avec 30 à 50 répétitions d’un mouvement adapté, la douleur peut diminuer ou même disparaître.

Cependant, en présence d’une composante psychogène, les exercices mécaniques deviennent insuffisants, voire totalement inefficaces. Ils n’apportent alors aucune amélioration des symptômes. C’est précisément dans ces cas qu’il devient crucial de s’intéresser à des outils permettant d’améliorer son bien-être émotionnel et de gérer les facteurs psychologiques sous-jacents.

Prendre conscience des principaux facteurs influençant les douleurs psychogènes constitue une étape essentielle. Voici une liste non exhaustive de ces facteurs.

Contexte Environnemental

La douleur psychogène est un type de douleur fortement influencé par des facteurs psychologiques. Elle peut être exacerbée, voire générée, par des états émotionnels tels que le stress, l’anxiété ou la dépression. Comprendre la complexité de cette douleur nécessite une exploration approfondie des différents contextes qui influencent son intensité et sa perception.

Dans la majorité des cas, un fond de douleur mécanique est présent. Cette douleur mécanique est influencée par les mouvements et les postures. Lorsqu’il s’agit d’une douleur à prédominance mécanique, il est souvent possible d’identifier des mouvements capables de moduler rapidement la douleur. En effet, avec 30 à 50 répétitions d’un mouvement adapté, la douleur peut diminuer ou même disparaître.

Cependant, en présence d’une composante psychogène, les exercices mécaniques deviennent insuffisants, voire totalement inefficaces. Ils n’apportent alors aucune amélioration des symptômes. C’est précisément dans ces cas qu’il devient crucial de s’intéresser à des outils permettant d’améliorer son bien-être émotionnel et de gérer les facteurs psychologiques sous-jacents.

Prendre conscience des principaux facteurs influençant les douleurs psychogènes constitue une étape essentielle. Voici une liste non exhaustive de ces facteurs.

Contexte de Travail

Le milieu professionnel constitue un autre domaine clé où les facteurs psychologiques peuvent influencer la douleur. Le stress lié au travail, les conflits interpersonnels ou une charge de travail excessive sont autant de facteurs susceptibles d’exacerber la douleur psychogène. Dans le cadre de la prévention des troubles musculo-squelettiques en milieu professionnel, il est prouvé que le management joue un rôle crucial dans la réduction des risques pour les collaborateurs de développer certaines douleurs. Cependant, cet impact dépend de plusieurs variables : les exigences imposées au collaborateur, sa capacité à prendre des décisions de manière autonome, le sens qu’il attribue aux tâches à accomplir, ainsi que le niveau de soutien offert par ses collègues.

Par ailleurs, les postures de travail inadéquates ou les mouvements répétitifs ne se limitent pas à provoquer des douleurs physiques directes. Ces contraintes peuvent également aggraver la perception de la douleur en renforçant le stress psychologique associé. Ce lien souligne l’importance d’une approche globale qui considère à la fois les aspects physiques et psychosociaux du travail.

Il est essentiel de reconnaître et d’adresser ces facteurs pour promouvoir un environnement de travail bienveillant et soutenant. Un tel cadre peut non seulement contribuer à la prévention des douleurs musculo-squelettiques, mais également réduire l’impact de la douleur psychogène sur les collaborateurs, en améliorant leur bien-être global.

Impact Psychologique de la Douleur Psychogène

La douleur psychogène n’affecte pas seulement le corps, mais également l’esprit. L’expérience prolongée de la douleur peut engendrer des sentiments d’impuissance, d’isolement et une baisse de l’estime de soi, créant un cycle vicieux où douleur et détresse psychologique se renforcent mutuellement.

De plus, les difficultés psychologiques, sociales et/ou émotionnelles influencent directement la douleur. Pour être plus précis, l’état psychologique d’une personne joue un rôle clé dans l’interprétation des informations nociceptives, amplifiant ou atténuant la perception de la douleur.

Pour aborder cette douleur, une approche holistique est essentielle. Celle-ci doit intégrer des interventions psychologiques telles que la thérapie cognitivo-comportementale, les techniques de relaxation et un soutien émotionnel adapté, afin d’aider les individus à gérer à la fois les aspects physiques et psychologiques de leur douleur.

Parmi les outils que j’utilise pour agir sur l’aspect émotionnel, mes deux favoris sont le renforcement musculaire et la cohérence cardiaque. Pourquoi ? Parce que les émotions sont intrinsèquement liées à des sensations physiques. Ainsi, en influençant les sensations corporelles, on peut agir sur les émotions.

Un corps plus fort et plus souple est moins susceptible de renforcer le volume de la douleur perçue. De son côté, la cohérence cardiaque agit directement sur le système nerveux autonome, influençant de manière positive l’interprétation des stimulations nociceptives à l’origine de la douleur. En combinant ces deux approches complémentaires – le mouvement et la régulation émotionnelle via la respiration –, on peut interrompre efficacement le cercle vicieux de la douleur et de la détresse psychologique.

Stratégies de Gestion

La gestion de la douleur psychogène passe par l’identification et le traitement des sources sous-jacentes de stress psychologique. Cela peut inclure l’utilisation de techniques de gestion du stress, de pleine conscience, de cohérence cardiaque et de relaxation pour réduire l’inconfort émotionnel et améliorer le bien-être. L’engagement dans des activités agréables et significatives pour la personne, ainsi que le renforcement des réseaux de soutien social, jouent également un rôle crucial pour contrer les effets de la douleur psychogène.

Les traumatismes psychologiques ou émotionnels passés occupent souvent une place centrale dans l’amplification ou la persistance de la douleur psychogène. Ces expériences peuvent non seulement intensifier la perception de la douleur, mais également rendre son traitement plus complexe en l’absence d’une prise en charge adaptée. C’est pourquoi la détection des drapeaux orange – ces indicateurs de troubles psychologiques tels que la dépression, l’anxiété sévère ou le stress post-traumatique – est essentielle. Ces signaux révèlent que des facteurs émotionnels profonds influencent la douleur et nécessitent une attention particulière.

Dans ces situations, consulter un psychologue ou un psychothérapeute spécialisé ne devrait pas être perçu comme une option, mais comme une étape incontournable. Ces professionnels offrent des outils précieux pour explorer les causes profondes de la douleur et proposer des approches thérapeutiques efficaces, telles que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) ou d’autres méthodes adaptées à chaque cas. Une prise en charge intégrée, combinant un soutien psychologique ciblé et une gestion active de la douleur, est essentielle pour réduire l’inconfort, améliorer le bien-être global et accompagner la personne vers un retour progressif à une meilleure qualité de vie.

Douleur Nociplastique

La douleur nociplastique est un concept relativement récent, désignant une douleur résultant de modifications dans le fonctionnement du système nerveux central. Ces changements entraînent une amplification des signaux douloureux, disproportionnée par rapport à la stimulation réellement perçue. Ce type de douleur est particulièrement pertinent dans le contexte des douleurs chroniques ou persistantes, où les mécanismes sous-jacents ne se limitent pas aux explications traditionnelles basées sur des lésions tissulaires ou nerveuses spécifiques.

Changements dans le Système Nerveux Central

Avant tout, il est utile de comprendre que le système nerveux est en constante évolution, capable de se modifier selon les stimulations qu’il reçoit ou, au contraire, qu’il ne reçoit plus. L’une des caractéristiques fondamentales du système nerveux est son adaptabilité à l’environnement et aux stimuli, un phénomène appelé plasticité neurologique ou neuroplasticité.

Les changements nociplastiques se réfèrent à une modification de la manière dont le système nerveux central traite les informations liées à la douleur. Plutôt que de signaler une lésion directe ou une inflammation dans les tissus, la douleur nociplastique survient en l’absence de preuve claire de dommage tissulaire initial pouvant justifier la persistance et l’intensité de la douleur ressentie.

Ce phénomène peut être attribué à un processus de sensibilisation centrale, où le cerveau devient anormalement réactif aux signaux de douleur. Cette hyperréactivité entraîne une amplification et une généralisation des signaux douloureux, transformant des stimuli normalement inoffensifs ou modérés en sensations douloureuses disproportionnées.

Exemples de Douleur Nociplastique

Des conditions telles que la fibromyalgie et le syndrome de douleur régionale complexe (SDRC) sont fréquemment citées comme exemples de douleur nociplastique. Dans ces cas, les patients rapportent une douleur généralisée et une hypersensibilité qui ne correspondent pas à un schéma de lésion ou de pathologie nerveuse périphérique identifiable.

Par exemple, un simple toucher très léger peut devenir insupportable pour certaines personnes. J’ai déjà vu des vidéos où des patients éclataient en larmes suite à une caresse réalisée avec une plume sur la peau du bras. Cet exemple met en évidence une inadéquation flagrante entre la stimulation (la caresse avec une plume) et la réaction de l’organisme (éclats de larmes).

Cependant, il peut être plus difficile de diagnostiquer ce phénomène chez des personnes dont les réactions douloureuses sont moins évidentes ou exprimées de manière plus subtile. Dans ces cas, les manifestations peuvent être variées et demander une évaluation attentive pour identifier les caractéristiques propres à la douleur nociplastique.

Ces conditions illustrent parfaitement comment la douleur peut évoluer pour devenir une maladie à part entière, déconnectée des mécanismes traditionnels de douleur nociceptive ou neuropathique. Cette évolution met en évidence l’importance d’une approche centrée sur le patient, intégrant une compréhension approfondie de la douleur nociplastique et de ses mécanismes sous-jacents.

Implications pour le Traitement

La reconnaissance de la douleur nociplastique comme un phénomène distinct met en lumière l’importance d’approches de traitement ciblant spécifiquement le système nerveux central. Cela peut inclure des stratégies telles que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), les techniques de relaxation et de méditation, ainsi que certains médicaments conçus pour agir sur le système nerveux central.

Une prise en charge holistique est essentielle, impliquant l’analyse et la prise en compte de nombreux facteurs influençant la douleur. Ces facteurs doivent être étudiés de manière approfondie pour offrir une intervention personnalisée et efficace. Voici quelques exemples, non exhaustifs :

  • L’alimentation : Une nutrition adaptée peut réduire l’inflammation et améliorer le fonctionnement global du corps.
  • Le sommeil : Un sommeil de qualité est essentiel pour diminuer la sensibilité à la douleur et favoriser la récupération.
  • Les relations familiales : Un soutien familial peut jouer un rôle crucial dans la gestion du stress et des émotions.
  • Les croyances du patient : Les perceptions et attentes liées à la douleur influencent directement son intensité.
  • Les expériences passées avec la douleur : Elles peuvent conditionner la manière dont la douleur est perçue et gérée.
  • Le management au travail : La pression ou le soutien au travail impactent significativement le bien-être global.
  • Les relations avec les collègues : Un climat de travail sain favorise une meilleure gestion du stress.
  • Les facteurs de comorbidité : La présence d’autres pathologies ou conditions chroniques peut aggraver la douleur.
  • Les antécédents médicaux : Ils permettent de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents et d’adapter le traitement.

L’objectif de cette approche est d’agir sur les principaux facteurs influençant la douleur, afin de réduire la sensibilité du cerveau à celle-ci et de restaurer une fonction normale. Une intervention ciblée et globale peut ainsi améliorer non seulement la douleur, mais également la qualité de vie du patient dans son ensemble.

Le Rôle de la Méthode McKenzie

Dans le contexte de la méthode McKenzie, une approche centrée sur l’évaluation et le traitement des troubles musculo-squelettiques, il est essentiel de distinguer la douleur nociplastique des autres types de douleur. Cette distinction permet d’orienter le plan de traitement vers des interventions adaptées, en privilégiant des exercices et des techniques visant à modifier la perception de la douleur par le système nerveux central.

La précision de la méthode MDT-McKenzie réside dans sa capacité à diagnostiquer un problème mécanique. En d’autres termes, elle identifie des schémas reconnaissables où il est possible d’influencer rapidement la souplesse, l’intensité et la localisation de la douleur grâce à l’exécution de mouvements répétés ou au maintien de certaines postures. Ces interventions mécaniques ciblées sont particulièrement efficaces pour les troubles musculo-squelettiques d’origine mécanique.

Pour orienter un diagnostic de douleur nociplastique, il est crucial d’établir un lien entre plusieurs éléments : les résultats des imageries médicales, une anamnèse précise et exhaustive des plaintes du patient, et la réponse de la douleur ainsi que de la souplesse aux stimulations mécaniques. Ce processus d’évaluation approfondi permet de distinguer les douleurs mécaniques des douleurs nociplastiques, afin d’élaborer une prise en charge adaptée.

En résumé, la douleur nociplastique illustre la complexité de la douleur chronique et met en lumière la nécessité d’une approche holistique et individualisée dans le traitement. Reconnaître et comprendre ce type de douleur est indispensable pour fournir des soins efficaces et empreints d’empathie aux patients souffrant de douleurs chroniques ou persistantes.

La Douleur Aiguë

Définition et Rôle

La douleur aiguë agit comme un signal d'alarme vital, nous alertant d’une blessure ou d’une maladie nécessitant une attention immédiate. Sa présence est généralement proportionnelle à la gravité de la menace tissulaire, indiquant qu’un dysfonctionnement se produit dans notre corps. Cette douleur est essentielle pour notre survie, car elle nous pousse à agir pour favoriser la guérison et prévenir d’autres dommages.

Il est important de préciser que la douleur aiguë décrite ici se réfère à une douleur récente, généralement de moins de 7 jours. Elle est souvent liée à un événement traumatique ou médical spécifique, tel qu’une entorse, une fracture, une déchirure ou rupture musculaire, un infarctus ou encore un AVC. Cette temporalité et son association avec un événement identifiable en font un outil clé pour le diagnostic et la prise en charge rapide des blessures ou pathologies.

Mécanisme de Protection

En tant que mécanisme de protection, la douleur aiguë remplit plusieurs fonctions clés, notamment la prévention des blessures supplémentaires en limitant nos mouvements ou en nous poussant à chercher un traitement médical. Elle tend à disparaître à mesure que la cause sous-jacente est traitée et que le corps guérit.

La Douleur Persistante

Distinction avec la Douleur Aiguë

Contrairement à la douleur aiguë, la douleur persistante (ou chronique) s'étend au-delà du cours normal de la guérison des tissus, devenant un problème en elle-même. Elle peut persister pendant des mois, voire des années, après que la cause initiale ait disparu, impliquant souvent des facteurs complexes, y compris des changements au niveau du système nerveux.

Rôle Moins Clair

La douleur persistante n'a pas le rôle clair et protecteur de la douleur aiguë. Au lieu de cela, elle peut résulter de la sensibilisation du système nerveux, où la douleur continue d'être ressentie en l'absence de dommage tissulaire actif. Cette condition nécessite une approche de gestion plus sophistiquée et multidimensionnelle, holistique, visant non seulement à traiter la douleur mais aussi à améliorer la qualité de vie du patient.

Statistiques et Prévalence pour la Lombalgie

La lombalgie est l'une des causes les plus courantes de douleur persistante, affectant jusqu'à 80% des adultes à un moment de leur vie. Des études indiquent que, bien que la majorité des épisodes de lombalgie aiguë se résolvent dans les six semaines, environ 20% des personnes développeront une douleur persistante avec des degrés variables d'incapacité. La méthode McKenzie, une approche mécanique de l'évaluation et du traitement, a été largement étudiée et appliquée dans le contexte de la lombalgie, offrant des stratégies efficaces pour la gestion de la douleur et la réduction des risques de chronicité.

L’importance de l’activité physique

L’importance de l’activité physique dans la gestion de la douleur est largement documentée dans la recherche médicale, notamment dans les documents que nous avons examinés. L’activité physique régulière joue un rôle essentiel dans le traitement et la rééducation de nombreuses conditions douloureuses.

Des exercices progressifs, par exemple, induisent des contraintes de mise en tension répétées qui stimulent le processus de remodelage des tissus, notamment du collagène, un élément clé de la réparation tissulaire. Des exercices statiques ou dynamiques contrôlés sont souvent utilisés pour traiter une tendinite, dans le but de restaurer une fonction normale. Ce remodelage est particulièrement important dans la prise en charge des tendinopathies, où une rééducation spécifique à une activité ou à un sport peut s’avérer cruciale pour une récupération complète.

Un programme d’exercices adapté commence à un niveau où la contrainte est suffisante pour provoquer une douleur tolérable, à condition que celle-ci disparaisse à l’arrêt de l’exercice. Cette approche, inspirée de la quantification du stress mécanique mise en avant par la clinique du coureur, permet d’ajuster l’intensité des exercices en fonction de la réponse symptomatique du patient. Cela optimise la charge de travail pour encourager le processus de guérison sans aggraver la douleur.

Les recherches montrent également que la centralisation de la douleur, un concept clé de la méthode McKenzie, constitue un indicateur pronostique favorable dans la gestion de la douleur, notamment dans des conditions comme les lombalgies, la sciatique, la cruralgie ou la névralgie cervico-brachiale. Lorsqu’un exercice induit une centralisation, où la douleur se déplace des extrémités vers la colonne vertébrale, cela est souvent associé à de meilleurs résultats à long terme. Il est important de noter que la centralisation peut temporairement intensifier la douleur, augmentant l’inconfort du patient. Toutefois, si cette douleur reste supportable, cette réponse est autorisée et même encourageante, car elle est associée à un pronostic très favorable pour la guérison.

En conclusion, l’activité physique, guidée par des principes thérapeutiques tels que ceux de la méthode McKenzie, est essentielle dans la gestion efficace de la douleur. Elle contribue non seulement à améliorer la fonction physique, mais joue également un rôle clé dans la modulation de la perception de la douleur, notamment par le biais de mécanismes tels que la centralisation et la réadaptation neurophysiologique.

Comprendre la Douleur : Au-delà du Physique

La douleur est une expérience multidimensionnelle, profondément influencée par des facteurs bien au-delà de ceux purement physiques. Pour saisir pleinement sa complexité, il est crucial d'explorer ses dimensions sensorielle, cognitive, et émotionnelle, ainsi que l'impact du contexte personnel, des comportements, et de l'environnement social. Ces éléments interconnectés façonnent la manière dont chaque individu ressent et réagit à la douleur.

Dimension Sensorielle

La dimension sensorielle de la douleur fait référence à la perception physique immédiate de la douleur. C'est le signal d'alarme que le tissu envoie lorsque quelque chose ne va pas, comme la sensation aiguë ressentie lors d'une blessure ou la douleur sourde. Cependant, la manière dont nous interprétons ces signaux peut varier considérablement d'une personne à l'autre, influencée par notre état de santé général, nos expériences passées avec la douleur, et notre sensibilité personnelle à la douleur.

Dimension Cognitive

La dimension cognitive implique notre interprétation et notre compréhension de la douleur. Cela comprend nos pensées, croyances, et attitudes envers la douleur et comment nous gérons l'information liée à la douleur. Par exemple, une personne qui perçoit sa douleur comme un signe de guérison peut l'expérimenter différemment de quelqu'un qui y voit un signe de détérioration. Notre état mental, y compris notre concentration, notre stress, et notre distraction, peut également modifier notre perception de la douleur, la rendant plus ou moins tolérable.

Dimension Émotionnelle

La dimension émotionnelle examine l'impact de la douleur sur notre état émotionnel et vice versa. La douleur peut engendrer des émotions négatives telles que la peur, l'anxiété, ou la dépression, qui peuvent à leur tour amplifier la perception de la douleur. Inversement, un état émotionnel serein ou agréable peut atténuer la douleur. Cette interaction souligne l'importance d'aborder la douleur non seulement physiquement mais aussi émotionnellement.

Influence du Contexte Personnel, des Comportements, et de l'Environnement Social

Notre contexte personnel, nos comportements, et notre environnement social jouent un rôle crucial dans la manière dont nous expérimentons la douleur. Le soutien des proches, le climat de travail, et nos activités quotidiennes influencent notre capacité à gérer la douleur. Par exemple, un environnement de travail stressant peut exacerber la douleur chronique, tandis qu'un réseau de soutien solide peut offrir les ressources émotionnelles nécessaires pour mieux la gérer.

L'Intérêt de la Balnéothérapie

La balnéothérapie, une activité physique aquatique guidée par un kinésithérapeute, illustre parfaitement comment l'environnement et l'activité physique ciblée peuvent influencer positivement la gestion de la douleur. L'eau offre un milieu unique où le corps peut se mouvoir avec moins de douleur grâce à la réduction de la charge sur les articulations et les muscles, tout en bénéficiant des effets thérapeutiques de l'eau tels que la relaxation et la diminution de la sensibilité à la douleur. 

Il est intéressant de concevoir qu’un corps immergé jusqu’aux épaules pèse jusqu’à 6x lourd que en dehors de l’eau…

En abordant la douleur à travers ces multiples dimensions, nous pouvons développer une compréhension plus complète et personnelle de notre expérience de la douleur, ouvrant la voie à des stratégies de gestion plus efficaces et empathiques.

L'Importance du Sommeil dans la Gestion de la Douleur Chronique

Les Effets Néfastes d'un Mauvais Sommeil sur la Douleur Chronique

Le sommeil joue un rôle pivot dans la régulation de la douleur chronique, où la perturbation du sommeil peut entraîner une sensibilisation accrue du système nerveux central, exacerbant la perception de la douleur. Cette sensibilisation centrale résulte d'un sommeil insuffisant ou de mauvaise qualité, conduisant à une réactivité accrue aux signaux de douleur. En d'autres termes, le manque de sommeil ne se contente pas d'augmenter l'inflammation, mais il rend également le corps plus susceptible aux sensations douloureuses, même en réponse à des stimuli qui ne sont normalement pas douloureux. La dégradation de la qualité du sommeil affecte également négativement l'humeur et les capacités cognitives, ce qui complique davantage la gestion quotidienne de la douleur. Il devient donc essentiel d'adresser les troubles du sommeil chez les personnes souffrant de douleur chronique pour améliorer leur capacité à gérer la douleur.

Les Bénéfices d'un Bon Sommeil sur la Gestion de la Douleur

Inversement, un sommeil réparateur offre des bénéfices substantiels pour la gestion de la douleur chronique. Il favorise les processus de guérison et de régénération du corps, contribuant à atténuer l'inflammation et à fortifier le système de gestion de la douleur. Le sommeil réparateur aide à réinitialiser la sensibilisation centrale du système nerveux, améliorant ainsi la tolérance à la douleur et diminuant la perception de sa sévérité. Par ce mécanisme, le sommeil agit comme un régulateur essentiel, facilitant une gestion plus efficace de la douleur chronique. Favoriser un sommeil régulier et de qualité s'avère crucial dans le cadre d'une approche holistique de la douleur persistante. L'adoption de bonnes pratiques de sommeil peut donc révolutionner la manière dont les individus font face à la douleur chronique, offrant une stratégie puissante pour en soulager les symptômes et améliorer significativement leur qualité de vie.

Gestion de la Douleur : Approches et Stratégies

Importance d'une Approche Holistique dans la Gestion de la Douleur

Une approche holistique de la gestion de la douleur reconnaît que la douleur est une expérience multifacette, influencée par des facteurs physiques, émotionnels, sociaux et environnementaux. Cette perspective globale permet d'adresser non seulement les symptômes physiques de la douleur mais aussi les éléments psychologiques et sociaux qui peuvent l'exacerber ou la prolonger. En intégrant diverses modalités de traitement, de la médecine conventionnelle aux thérapies complémentaires, une approche holistique vise à optimiser le bien-être général du patient, favorisant ainsi une meilleure qualité de vie et une réduction plus significative de la douleur.

Le Système Endorphinique

Les endorphines, souvent appelées les "hormones du bonheur", jouent un rôle crucial dans la modulation de la douleur. L'activation du système endorphinique par l'exercice physique, la méditation, et certaines formes de thérapie manuelle peut réduire la perception de la douleur. Les endorphines agissent en se liant aux récepteurs opioïdes du cerveau, réduisant ainsi les signaux de douleur et favorisant des sentiments de bien-être et de relaxation. Les interventions qui stimulent la libération d'endorphines sont donc essentielles dans une stratégie de gestion de la douleur holistique.

La Théorie du Portillon

La théorie du portillon, développée par Melzack et Wall, suggère que la transmission des signaux de douleur au cerveau peut être modulée, ou "bloquée", par la stimulation de fibres nerveuses non nociceptives. Des techniques comme la stimulation électrique nerveuse transcutanée (TENS), le massage, ou même l'application de chaud ou de froid peuvent activer ces fibres nerveuses, fermant ainsi le "portillon" et diminuant la perception de la douleur. Cette théorie souligne l'importance des interventions non pharmacologiques dans la gestion de la douleur. Un simple massage, sous la forme d’un auto-massage avec une balle ou un rouleau de massage, permet de remplir le rôle de désensibilisation.

La Descente Inhibitrice

Le mécanisme de descente inhibitrice fait référence à la capacité du cerveau de supprimer les signaux de douleur entrants. La méditation, la relaxation, et certaines thérapies cognitivo-comportementales peuvent renforcer ce mécanisme, réduisant ainsi la douleur. En apprenant à mieux contrôler leur réponse à la douleur, les patients peuvent diminuer leur expérience de la douleur grâce à la modulation descendante.

Facteurs Psycho-Sociaux

Les facteurs psycho-sociaux, tels que le stress, l'anxiété, et l'isolement social, peuvent amplifier l'expérience de la douleur. Les interventions visant à améliorer le bien-être émotionnel et social, comme la psychothérapie, le soutien de groupe, et les techniques de gestion du stress, sont donc cruciales pour une approche holistique de la gestion de la douleur.

Les Médicaments

Bien que les médicaments soient souvent nécessaires pour la gestion de la douleur, une approche holistique cherche à optimiser leur utilisation en les combinant avec des interventions non pharmacologiques. Le choix du médicament doit être personnalisé et considérer les effets secondaires potentiels ainsi que les interactions avec d'autres traitements. Selon l’étude de Babatunde 2017, la médication présente des preuves modérées de son efficacité (en science, c’est déjà trés trés bien). 

Dans les douleurs persistantes, les récepteurs aux molécules actives des médicaments anti-douleurs sont fermés. Ce qui entraîne une moins bonne efficacité de ces médicaments. L’activité physique permet de réguler et de normaliser ces récepteurs, les médicaments pouvant ainsi enfin faire leur effet.

Mais il y a plus efficace, j’en parle plus bas.

La Neuro-Plasticité

J’ai déjà évoqué cette caractéristique du système nerveux un peu plus haut.

C’est pour vous faciliter l’intégration de cette notion que je me répète. 

La compréhension de la neuro-plasticité, ou la capacité du cerveau à se restructurer en réponse à l'expérience, ouvre de nouvelles voies pour le traitement de la douleur chronique. Les thérapies visant à "reprogrammer" les voies de la douleur dans le cerveau, comme certaines formes de thérapie cognitive ou de rééducation fonctionnelle, exploitent cette plasticité pour réduire la perception de la douleur.

La Cohérence Cardiaque

La pratique de la cohérence cardiaque, basé sur des exercices de respiration visant à harmoniser le rythme cardiaque puis le rapport entre système nerveux sympathique et parasympathique, peut avoir un effet bénéfique sur la désensibilisation du système nerveux. Cette technique peut aider à réduire le stress et l'anxiété, qui sont souvent associés à une augmentation de la perception de la douleur, et favoriser un état de relaxation profonde. Il aide à retrouver le calme et à cultiver des sensations agréables.

L’importance des consultations avec un psychologue ou un psychothérapeute

Dans la prise en charge de la douleur, notamment lorsqu’elle est liée à des composantes psychogènes ou à des douleurs chroniques, les consultations avec un psychologue ou un psychothérapeute jouent un rôle fondamental. Ces professionnels apportent un espace sûr pour explorer et traiter les facteurs émotionnels et cognitifs qui contribuent à l’intensité et à la persistance de la douleur. Ils peuvent également aider à briser le cycle vicieux de la douleur et de la détresse émotionnelle grâce à des outils adaptés à chaque individu.

Parmi les approches les plus efficaces, la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) permet d’identifier et de modifier les croyances dysfonctionnelles liées à la douleur, tout en enseignant des stratégies pour gérer l’anxiété et le stress. L’hypnothérapie, en revanche, agit en réorientant la perception de la douleur, permettant aux patients de mieux la tolérer et de réduire son impact sur leur quotidien.

D’autres techniques complémentaires, comme la pleine conscience, la sophrologie ou encore l’EMDR (désensibilisation et reprogrammation par les mouvements oculaires), sont particulièrement pertinentes dans les cas où la douleur est associée à des traumatismes ou à une hypersensibilité émotionnelle.

Gestion du stress post-traumatique

Le stress post-traumatique (SPT) est un facteur souvent sous-estimé mais majeur dans l’amplification et la persistance de la douleur, notamment dans les douleurs nociplastiques. Les patients souffrant de SPT présentent une activation excessive du système nerveux central, qui amplifie la perception des stimuli douloureux et rend la récupération plus difficile.

La gestion du SPT nécessite une approche pluridisciplinaire, incluant :

  • L’EMDR, reconnue pour son efficacité dans le traitement des traumatismes, en permettant au cerveau de reprocesser les souvenirs douloureux et de réduire leur impact émotionnel.
  • Des techniques de régulation émotionnelle, comme la cohérence cardiaque ou les exercices de respiration, qui aident à calmer le système nerveux autonome.
  • Des thérapies corporelles, comme le yoga thérapeutique ou l’intégration posturale, qui permettent aux patients de rétablir une connexion positive avec leur corps, souvent perturbée par le traumatisme.

Le déblocage psychologique et l’inversion du ressenti

Une approche innovante dans le domaine du déblocage psychologique est la méthode d’inversion du ressenti du Dr Lerminiaux. Cette méthode s’appuie sur l’idée que les émotions refoulées ou non exprimées peuvent s’incarner dans le corps sous forme de douleur ou de tensions chroniques. En identifiant et en inversant ces ressentis émotionnels négatifs, il devient possible de libérer les blocages psychologiques et de diminuer l’intensité des douleurs associées.

Cette technique invite le patient à revisiter les émotions enfouies et à transformer progressivement les ressentis négatifs (peur, colère, tristesse) en ressentis positifs ou neutres. Ce processus ne se limite pas à une amélioration émotionnelle, mais agit également sur la perception de la douleur en libérant le système nerveux des schémas réactifs conditionnés par le traumatisme.

A rettenir

La prise en charge de la douleur chronique ou psychogène nécessite une approche intégrée, combinant des outils mécaniques, psychologiques et émotionnels. Les consultations avec un psychologue ou un psychothérapeute, ainsi que l’exploration d’approches spécifiques comme l’hypnothérapie ou la méthode d’inversion du ressenti, offrent une prise en charge globale qui va bien au-delà de la simple gestion des symptômes. Ces interventions permettent non seulement de réduire l’impact de la douleur, mais aussi de restaurer un équilibre émotionnel et psychologique, favorisant une meilleure qualité de vie.

Le Diagnostic Différentiel

Différencier entre les douleurs mécaniques (nociception) et la sensibilisation centrale est fondamental dans l'élaboration d'un plan de traitement efficace. Le diagnostic différentiel permet aux professionnels de santé d'identifier la source primaire de la douleur et d'adapter les stratégies thérapeutiques pour cibler spécifiquement les mécanismes sous-jacents, qu'ils soient liés à des lésions tissulaires directes ou à des dysfonctionnements dans le traitement de la douleur par le système nerveux central.

L'Exposition Progressive aux Contraintes

L'exposition progressive aux contraintes est une technique de réadaptation qui consiste à accoutumer le corps à des niveaux croissants d'activité physique pour renforcer la tolérance à la douleur et améliorer la fonction des tissus. Cette approche aide à éviter la surprotection et l'évitement des activités, qui peuvent contribuer à un cycle de douleur et de faiblesse persistantes.

L'Activité Physique

L'activité physique régulière est essentielle pour la gestion de la douleur, favorisant la libération d'endorphines et soutenant la neuro-plasticité favorablement. Des exercices adaptés, qu'il s'agisse de marche, de natation, de yoga , de mobilité, de cardio ou de renforcement, peuvent aider à maintenir la mobilité, à renforcer les muscles, et à réduire l'intensité de la douleur. Nous y voilà! Tout à l’heure, je vous promettait un traitement plus efficace que les médicaments: selon l’étude de Babatundé de 2017, l’activité physique présente des preuves fortes de son efficacité sur la gestion de la douleur. Mieux que les médocs!

Le Traitement Mécanique de Chaque Douleur

Le traitement mécanique spécifique de chaque type de douleur, en utilisant des techniques manuelles ou des dispositifs médicaux, vise à adresser directement les causes physiques de la douleur. Que ce soit par des manipulations chiropratiques, l'ostéopathie, ou des interventions chirurgicales, cette stratégie cherche à restaurer la fonction et à réduire la douleur par des moyens physiques directs.

Chacune de ces stratégies représente un pilier dans l'approche holistique de la gestion de la douleur, soulignant l'importance de traiter l'individu dans sa totalité. En intégrant ces différentes méthodes, on peut non seulement aborder la douleur sous tous ses aspects mais également promouvoir un bien-être général durable pour les personnes souffrant de douleur chronique.

Conclusion

En naviguant à travers les méandres complexes de la douleur, de ses origines nociceptives à ses manifestations neuropathiques, psychogènes et nociplastiques, cet article a cherché à démystifier ce phénomène universel, tout en reconnaissant sa profonde subjectivité. Chaque type de douleur, avec ses caractéristiques et mécanismes uniques, met en lumière la nécessité d'une approche holistique et personnalisée dans le traitement et la gestion de la douleur.

Nous avons exploré les fondements de la douleur nociceptive, soulignant comment notre corps réagit aux dommages physiques ou potentiels à travers des signaux d'alerte cruciaux. La douleur neuropathique nous a révélé les complexités du système nerveux et la manière dont les dysfonctionnements au sein de celui-ci peuvent provoquer des sensations de douleur souvent déroutantes et persistantes. En abordant la douleur psychogène, nous avons reconnu l'influence significative de l'environnement, des facteurs psychologiques et du contexte de travail sur notre expérience de la douleur. Chacune de ces dimensions de la douleur nous rappelle combien elle est intrinsèquement liée à l'expérience humaine, soulignant l'importance de l'empathie, de la compréhension et du soutien dans le parcours vers le soulagement.

La gestion de la douleur, comme nous l'avons vu, dépasse de loin la simple prescription médicale. Elle englobe une gamme de stratégies, des interventions médicamenteuses aux approches psychologiques, en passant par l'activité physique et les techniques de relaxation. La reconnaissance de la douleur comme une expérience multidimensionnelle exige des réponses tout aussi nuancées, adaptées à l'individu et à son contexte unique.

En conclusion, cet article ne cherche pas seulement à répondre à la question "Pourquoi j'ai mal ?" mais vise également à inspirer une conversation plus large sur la manière dont nous pouvons mieux comprendre, gérer et, finalement, vivre avec la douleur. Que ce soit en adoptant une nouvelle perspective sur nos propres expériences de douleur ou en offrant une oreille attentive à ceux qui souffrent autour de nous, nous pouvons tous contribuer à une société plus compatissante et informée. La douleur, dans toute sa complexité, nous unit dans notre humanité commune, nous rappelant l'importance de chercher à comprendre, à soigner et à soutenir avec empathie et diligence.

Références:

Babatunde OO, Jordan JL, Van der Windt DA, Hill JC, Foster NE, Protheroe J (2017) Effective treatment options for musculoskeletal pain in primary care: A systematic overview of current evidence. PLoS ONE 12(6): e0178621. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0178621

Ruelle-Le Glaunec L, Inquimbert P, Hugel S, Schlichter R, Bossu JL. Nociception, douleur et autisme. Med Sci (Paris). 2021;37(2):141-151. https://doi.org/10.1051/medsci/2020280.

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  • merci pour ce tableau très complet de la « douleur » qui permet de mieux en appréhender les mécanismes complexes. L’état émotionnel (de ce que j’expérimente au quotidien) me semble jouer un grand rôle dans notre rapport à la douleur. Je mesure aujourd’hui, après 1 an de suivi, les impacts positifs de ton approche thérapeutique. la douleur qui fait desormais partie de mon « écosystème physique », tu m’apprends à ne plus la subir ni à en avoir peur. Le partage de tes connaissances me permet de mieux comprendre ce qui se passe dans mon corps. Je ne panique plus devant la douleur, j’apprends à vivre avec, certains jours plutôt bien, d’autres moins. Alors merci pour le travail incroyable (et de grande qualité) que tu fournis et que tu partages, avec simplicité et humilité. 😉 (l’idée du « portillon », je ne connaissais pas, je me dis que ça peut être pas mal, si t’as plus d’info, ça m’intéresse !)

  • Une documentation très intéressante sur les douleurs du corp humain, un grand merci pour tout c’est renseignement qui nous en apprend beaucoup sur les douleurs du corp, juste génial à savoir. Article très bien rédigé bonne continuation merci à vous.

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